Châteaux et manoirs du canton de Montpon-Ménestérol

France > Nouvelle-Aquitaine

Le territoire cantonal de Montpon-Ménestérol regroupe 11 châteaux et manoirs repérés, dont 10 ont été étudiés. Dans ces chiffres figurent deux mottes castrales du 11e siècle, rencontrées à Montignac et aux Moulineaux (commune de Montpon-Ménestérol). Le site de Puy-de-Châlus, au sud de Montpon, est un autre témoin de la période médiévale. Rien ne subsiste aujourd'hui de l'ancien château fort du 13e siècle, alors campé sur ce promontoire naturel aménagé. Ce repaire, qui défendait les confins de la châtellenie de Montpon, notamment disputé par le seigneur de Gurçon, servait d'avant-poste à son chef-lieu. Cette châtellenie importante comptait 18 paroisses situées de part et d'autre de l'Isle. A ces quelques exemples, il faut ajouter le château fort du Pizou qui était entouré de douves, attribuable au 14e ou au 15e siècle. Le site accueille toutefois aujourd'hui une chartreuse. Le territoire étudié ne présente pas de maisons de plaisance de la Renaissance, mais des gentilhommières un peu plus récentes liées à l'essor de l'activité des verreries de la Double, à partir du 16e siècle. Le droit de fabriquer du verre était en effet réservé aux nobles "gentilshommes verriers" (maisons nobles de La Devise à Saint-Barthélémy-de-Bellegarde ou encore du Désert au Pizou). Au cours des 18e et 19e siècles, domine le goût pour les constructions classiques, comme en témoigne le château de la Mole à Eygurande-et-Gardedeuil, où les façades aux lignes sobres et droites et les éléments de symétrie font référence à l'architecture gréco-romaine. Les exemples les plus récents, datés de l'extrême fin du 19e siècle et du début du 20e, sont situés au sud-est du canton : le manoir de Beausoleil à Saint-Sauveur-Lalande et le château du Mas de Bénévent à Saint-Martial-d'Artenset, où des éléments de défense fictifs sont employés et détournés à des fins décoratives et de prestige, comme la tourelle d'angle.

Périodes

Principale : 11e siècle

Principale : 12e siècle

Principale : 13e siècle

Principale : 14e siècle

Principale : 17e siècle

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Principale : 20e siècle

A partir du 11e siècle, l’encadrement des hommes s’opère au sein de la châtellenie, entité territoriale où le seigneur-châtelain exerce son autorité. La châtellenie de Montpon comptait 18 paroisses de part et d'autre de l’Isle, ce qui montre l’importance géoéconomique de la rivière et le dynamisme du bourg castral qui en constitue le chef-lieu. De ce bourg d’origine pourvu d’une enceinte, il ne reste rien.

Parallèlement, les mottes castrales se multiplient, relayant l’autorité seigneuriale et répondant à des impératifs politiques. Les vestiges médiévaux les plus anciens sont ces ouvrages de terre, rencontrés notamment à Montignac et aux Moulineaux, érigés au cours du 11e siècle. La première motte est sans doute à l’origine d’un noyau de peuplement ayant donné naissance à Montignac, la seconde, qui défendait le bourg de Montpon, était une fondation péagère, liée au contrôle économique de la rivière. Leur présence sur les deux rives de l’Isle semble être justifiée par le contrôle de la vallée.

La motte de Montignac est située entre Vauclaire et l’ancienne paroisse de Montignac. L’ouvrage existe encore au 14e siècle, ce qui peut expliquer le choix d’implantation de la chartreuse de Vauclaire en contrebas. Elle se présente comme un tertre artificiel en terre sur lequel était construite une tour sommaire en bois. Elle ne comporte pas de basse-cour mais un très large et profond fossé.

Dans le secteur d’étude, en dehors des chefs-lieux de châtellenie, la faible proportion des sites castraux « maintenus » semble aller dans le sens d’une disparition de lignages au 14e siècle, parallèlement aux conflits liés à la guerre de Cent Ans, dont les conséquences ont été de juguler l’établissement de repaires nobles. Parmi ces sites, le château disparu du Puy-de-Chalus, situé au sud de Montpon, se tenait sur une butte naturelle aménagée. Ce repaire, qui défendait les confins de la châtellenie, servait d’avant-poste à son chef-lieu. Aujourd’hui, on dénombre une dizaine de sites castraux dans le canton.

Après la guerre de Cent Ans, les 16e et 17e siècles constituent une période relativement prospère dans la Double, qui connaît un véritable « âge d’or » grâce au développement des verreries. L’industrie du verre trouve dans ce secteur boisé les ressources naturelles nécessaires à son développement et à son maintien : bois, silice, fougères, donnant la soude. On comptait alors plus d’une trentaine de verreries dans la Double, parmi lesquelles celles d’Eygurande, de Gardedeuil, d’Echourgnac, ou encore de St-Barthélémy-de-Bellegarde. Le droit de fabriquer du verre était réservé à des gentilshommes verriers, occupant des manoirs. La production s’éteint à la fin du 18e siècle.

Le château de la Devise, situé à Saint-Barthélémy-de-Bellegarde, constituait la demeure de l'un des verriers les plus importants de la Double, dont l'établissement est mentionné dès 1549. Il ne reste aucun vestige des verreries de l’époque ; seules les maisons de maître, reconstruites postérieurement, en gardent le souvenir. Le corps de logis de la fin du 17e siècle présente un étage carré et un comble. La façade principale est rythmée par quatre travées. Deux ailes ont été érigées au début du 20e siècle.

Autre fief de gentilhomme verrier, le château du Pizou est construit sur les fondations de l’ancien château fort détruit en 1566 par les protestants. Le plan cadastral de 1844 montre un ensemble quadrangulaire entouré de douves sur trois côtés. S'y tient aujourd'hui une chartreuse.

Le château du Désert au Pizou constitue une grande maison de maître du 18e siècle. Le château d’origine aurait été brûlé à la fin du 15e siècle. Cet ensemble présente un corps de logis relativement sobre entre des pavillons que prolongent deux ailes en retour d’équerre, ainsi qu'une rotonde polygonale moderne.

Le château de la Mole présente un corps de logis central à un étage carré, accompagné de deux pavillons surmontés d’un attique percé de lucarnes et de baies aveugles. L’élévation est organisée en travées, apportant une certaine verticalité à l’ensemble. Ce type de château se caractérise par la recherche de volumes simples et symétriques. La Mole était un grand domaine forestier, agricole et viticole.

Les exemples les plus récents de ces édifices, construits au cours du 19e siècle, évoquent l'éclectisme, le néo-classicisme ou le néo-gothique. Quelques grandes demeures rurales portent le nom de « château », même si cette dénomination ne recouvre aucune réalité architecturale ou socio-historique, comme cette maison de maître, dite château de Bleuil, à Saint-Martial-d’Artenset, ou encore celle appelée "château de Ménesplet" au début du 20e siècle, dont la façade sud est édifiée dans la deuxième moitié du 19e siècle. Cette dernière est comparable à celle des châteaux locaux du 18e siècle : une élévation à travées, un étage carré et une toiture similaire à celle du château de la Mole.

Au cours de ces siècles, de grandes demeures bourgeoises sont construites sur le territoire. Certaines d’entre elles sont marquées par des éléments du vocabulaire castral dans un but ostentatoire et décoratif (tours). Le manoir de Beausoleil est construit à la fin du 19e siècle à Saint-Sauveur-Lalande. Il présente un avant-corps coiffé d’un fronton-pignon gravé du millésime 1898. A sa gauche, un bow-window porte les baies du rez-de-chaussée et de l’étage. A sa droite, une tourelle en brique couverte d’un toit conique marque l’angle. La façade sud reçoit une véranda ornée de vitres colorées et de pointes de diamant en céramique. Les jeux de relief et de couleurs y sont remarquables. Sur l’arrière, un porche en bois en quart de cercle occupe l’angle rentrant du manoir. On peut le comparer au château du Mas de Bénévent, à Saint-Martial-d’Artenset, construction de 1903 greffée à une gentilhommière du 19e siècle. De chaque côté de la façade, une tourelle d’angle en surplomb présente un décor de brique et un toit conique en ardoise. On y retrouve le bow-window ou encore les bossages en pointe de diamant. Il semblerait qu’un unique architecte mussidanais, ait œuvré à ces deux propriétés.

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